Et voilà, le premier mois est déjà bouclé, fini, entamé. Je dois dire qu’il est passé à une vitesse folle. Nous avons bien été occupés. Dès mon arrivée, j’ai goûté à la tendre Terranga du pays sénégalais. Tout le monde est le bienvenu et tout le monde s’y sent bien. Ce qui amène à de nombreuses visites. D’un côté, le chantier jeunes était présent avec Annie & Annie. De l’autre côté, Catherine et Françoise remplissaient leur mission d’accueil et d’accompagnement. Puis d’un autre, une ancienne service civique, Clarisse, venait prendre des nouvelles sur le terrain. C’était donc dans une vive ambiance que je posais mes bagages.
Ce mois s’en est suivi par la mise en route des ateliers numériques, et des emprunts de livres, tout en rencontrant les membres de la maison, les alentours de Guédiawaye, y compris les petits coins de paradis comme Sali, ou l’île de N’gor.
L’installation et l’adaptation se sont faites rapidement. Tellement rapidement que mon pied a fait corps avec la faune du littoral : il a embrassé tendrement un oursin. Ce n’était pas plus mal : cela m’a permis de voir et comprendre le fonctionnement du poste de santé, situé juste en face de la maison. Et, d’apprendre que les épines d’oursin sont cassantes, et très délicates à retirer. Mais : bonne nouvelle, je n’ai plus rien !
Pour revenir sur ma mission principale, les ateliers ”numériques” ont débuté avec la lecture de livres. Cela m’a permis de visualiser le niveau de langage et de raisonnement des enfants, tout en moi-même intégrant mon statut de tata. Pendant que les ordinateurs étaient libres, ils ont ainsi pu connaître un coup de jeune grâce à Françoise et le technicien. Ils sont comme neufs : mises à jour effectuées et écrans abîmés changés ! Je peux vous dire que la salle informatique est magnifique : nous avons un nouveau tableau tout lisse, un mur repeint, qui attend d’être décoré par les productions des élèves, des étagères libérées et propres, des néons neufs pour illuminer les claviers, des nouvelles nattes pour l’assise confortable des enfants, et une nouvelle balayette (à ne jamais négliger !). Encore merci à Catherine et Françoise pour leur engagement hyper-actif !
J’ai des cours avec des groupes de 8 élèves en moyenne. Pour certaines classes, je vois les élèves au moins une fois tous les 15 jours. Pour d’autres classes, je les vois toutes les semaines. Le rythme est correct : les élèves gardent en tête la séance précédente, et restent motivés. Les séances durent entre 45 min et 1h.
Pour les CI, nous faisons des exercices simples pour la mise en main et en pratique de l’ordinateur. Ils découvrent la souris, le désordre des lettres sur le clavier, la fragilité de l’écran, etc. La langue peut parfois être une barrière, mais on fait preuve d’imagination par les mimes, ou par mon apprentissage des mots importants en wolof. Néanmoins, en l’espace de 2 mois d’école, leur compréhension de la langue a évolué drastiquement. Cela facilite nos échanges et c’est très agréable. De plus, ils sont de moins en moins timides. La lecture participative, en première séance, a beaucoup aidé.
Pour les CP, ils sont très collaboratifs. Nous avons travaillé les syllabes, le clavier (sa sensibilité, ses lettres en désordre, ses particularités, ses emplacements des signes particuliers). Nous continuons à travailler autour des grilles et des lectures de tableau à double entrée. Je vois l’ordinateur comme un outil complémentaire à la réflexion et aux livres à disposition. Les séances s’organisent souvent par un premier temps sur les nattes à parler, supposer, réfléchir sur le sujet, avant de le mettre en pratique ou d’utiliser l’ordinateur.
Pour les CE1, nous faisons le tour de l’Afrique. L’objectif, complémentaire avec leur programme qu’il voit en classe, est de leur faire découvrir les cartes du Sénégal, et plus tard, du monde. Savoir placer le Sénégal. Les oiseaux migrateurs nous accompagnent dans le voyage, ainsi que les jeux éducatifs.
Pour les CE2, après la lecture de Kirikou et le buffle aux cornes d’or, et Kirikou et la girafe, les élèves apprennent à constituer la carte d’identité d’un animal, à l’aide des recherches internet.
Pour les CM1, nous avons entamé des travaux autour de la poésie. Ils découvrent le vocabulaire, et comment identifier des poèmes : strophe, vers, rime. Ils ont pu travailler en audio sur des poèmes. A la dernière séance, ils ont appris à jouer avec les mots et les animaux, tout en pratiquant le traitement de texte.
Pour les CM2, c’est la mise en place d’une correspondance riche avec la classe de 5ème, du collège Jean-Baptiste Clément, dans le 20e arrondissement de Paris. Nous sommes en pleine écriture et description de l’école, pour répondre à leur première lettre. S’en suivra une correspondance individuelle et collective, autour de différents projets artistiques et scientifiques.
Pour les collégiens, je les vois 2 fois par semaine, soit 4h. Ils travaillent la moitié du temps autour de sujets divers, comme les volcans, le système solaire, des expositions d’art, etc. L’autre moitié du temps est réservé à leur divertissement, par la lecture, le dessin, les jeux d’échecs, et en grande partie : Youtube.
J’ai essayé de vous résumer les différents éléments, moyens et séances qui se mettent en place avec les classes. La mission me sollicite beaucoup, car les changements de niveaux m’obligent à m’adapter à un panel très large de pédagogies, et de créations de projets. Je ne peux pas me plaindre du caractère enrichissant et stimulant de la chose.
Pour ma part, j’ai trouvé l’intégration très simple, et même rapide.
Le chantier jeunes m’a permis de faire un lien et de rencontrer une dizaine de jeunes, de mon âge, du quartier, avec qui j’ai gardé contact. Ce n’est pas négligeable quand on vient d’arriver ! Le Sénégal reste un pays de la rencontre, même une négociation de prix est un acte d’échange. La rencontre est partout, et, pour un être social comme moi, je suis contente de trouver de la convivialité à chaque coin de rue.
Sur ce, je vous souhaite d’agréables fêtes. J’espère que la situation COVID-19 en France va s’améliorer, ou du moins se maintenir. Ici, les masques sont utilisés contre la poussière, et non contre le virus. Nous sommes donc loin de penser à un éventuel confinement, mais on croise les doigts pour tout le monde.
Merci à tous et à toutes.
Lucie ANTUNES 🙂
« Enseigner, c’est montrer ce qui est possible. Apprendre, c’est rendre possible à soi-même. »
Paulo Coelho, Le Pèlerin de Compostelle.