«Sénégal», jappnala te dotuma la baay
(“Sénégal, je t’ai attrapé et je ne vais plus te lâcher”. C’est une expression wolof qu’on se dit en amitié)
Comment donner une idée juste des sept mois passés ici ?
C’est d’autant plus difficile pour moi que mon expérience du Sénégal n’est pas terminée (j’ai signé un CDD de deux ans dans un collège du centre de Dakar), ni mon échange avec l’école Keur Fatou Kaba, du moins je l’espère.
Pourtant, c’est bien la fin d’une aventure…
Quand j’ai décidé de poser mon année sabbatique en 2019, j’attendais d’un voyage de prendre du recul sur nos façons de faire, humaines, sociétales, professionnelles…
Mais sincèrement, j’étais loin d’imaginer que je découvrirais autant, et de façon aussi profonde surtout.
J’ai été remuée de l’intérieur, j’ai dû détruire et rebâtir beaucoup de piliers qui supportent ma vision du monde.
J’ai rencontré un pays, des coutumes, des façons de faire, une langue, une philosophie de vie qui m’ont enchantée.
J’ai beaucoup appris des Sénégalais, j’ai admiré leur courage, leur sens du partage, leur pudeur aussi.
Il ne s’est pas passé une journée sans que je n’observe un acte de générosité. Ici, les gens donnent l’aumône. Tu peux entrer et manger partout. Le partage est organisé aussi : les tontines, qui sont des cagnottes gérées par une personne du quartier dans lesquelles les gens cotisent pour permettre de financer les projets des uns et des autres. Pendant le mois du ramadan, des groupes de quartier s’organisent partout afin de pouvoir distribuer du pain et du café pour tous ceux qui en ont besoin lors de la rupture du jeûne.
Je me suis beaucoup plu ici. Et aussi beaucoup amusée.
J’ai adoré ma vie de quartier. Mettre à peine le pied dehors pour rencontrer une ribambelle de visages familiers, de connaissances, d’amis.
Mon petit périmètre est chargé de rire et de discussion en tout genre. Cette facilité à entrer en contact qui m’a rendue très heureuse, et je me sens très chanceuse des relations que j’ai tissées ici (même si une fois sortie du cocon de Médina Gounass où tout le monde nous connaissait et nous protégeait, j’ai souvent eu envie de passer inaperçue dans la rue en sachant que ce n’était pas possible).
En somme, j’ai beaucoup appris et je me suis régalée.
Je suis venue faire du bénévolat, et pourtant en faisant aujourd’hui le bilan, c’est un sentiment de reconnaissance que j’éprouve.
Je suis reconnaissante de la façon dont on nous a traitées, ouvert la porte au sens propre comme au figuré. Vraiment, l’ouverture qu’on nous a témoignée me touche sincèrement et je dirais presque douloureusement, quand je pense à la façon dont on reçoit, en Europe, nos confrères et consœurs africain.es. Je dis nous, car quand j’ai partagé l’année avec Iris, collègue, colocataire et amie.
Reconnaissance envers l’association et le directeur, qui m’ont ouvert les portes de ce petit monde de Médina Gounass, qui m’ont accompagnée et fait confiance, bien que j’arrive sans mission, sans statut, et sans date de retour.
Merci donc, aux membres de l’association Keur Fatou Kaba, à Mamadou Gueye et son adorable famille, à la super équipe d’enseignant.es de l’école, aux habitants du quartier pour leur chaleur quotidienne et à Iris aux côtés de qui j’ai passé cette incroyable année.
Noémie Yay Fall, ou Noémie Thiam, ou Noémie bu sop, selon qui m’appelle ici.