Il est 18h, salle des fêtes de la mairie de Djiddah Thiaroye Kao (Pikine), située en face de l’école, ce vendredi 20 février, et la projection du film de Rachid Bouchareb « Little Sénégal » commence. Les visages des jeunes gens sont concentrés, attentifs et heureux de découvrir cette histoire d’un homme qui part retrouver les descendants de ses ancêtres esclaves aux Etats Unis. Ce fût une très belle projection et il y a en a eu d‘autres avec les enfants de l’école Fatou Kaba, leurs jeunes yeux rivés à l’écran devant les premiers Walt Disney, les Kirikou, Le ballon rouge, Crin blanc.
Pourtant rien n’était gagné, je partais pour la première fois au Sénégal, c’était mon premier voyage solidaire, et ma première sortie d’Europe, et je me posais beaucoup de questions sur le pourquoi d’une telle activité.
Je savais qu’en Afrique, le rapport à l’image est différent, et qu’il n’existe plus guère de salles de cinéma. J’étais bien consciente aussi que les conditions de projections à l’école risquaient d’être aléatoires. Mais j’étais sûre d’une chose, un bon film reste un bon film, quelque soit l’endroit où on le projette. J’avais préparé un catalogue de films classiques avec leurs fiches et Marc s’occupait de toute l’installation du matériel. Alors évidemment il y a eu des surprises : l’amplificateur qui ne fonctionnait pas, le changement de salle de projection imprévu au milieu du séjour – après la salle des fêtes, nous nous sommes retrouvés dans une petite pièce au premier étage du Cyber centre.
Il n’en demeure pas moins que ce fût une belle expérience, et que l’intérêt et la réactivité des enfants et des adolescents me conforte dans l’utilité d’une sensibilisation à l’image et au patrimoine mondial du cinéma. Le flux d’image étant une composante de plus en plus importante de notre monde moderne, il est important de pouvoir les analyser et le cinéma peut nous y aider.
Mon regret : les élèves de CM2 étaient les seuls à n’avoir pas eu de projection, et jusqu’au dernier jours de notre séjour ils nous ont demandé quand elle aurait lieu.
Mon espoir : le matériel est resté sur place et Félix formera les enseignants à poursuivre l’activité du ciné-club.
Emmanuelle Dehais Gosselin